C'est comme si on s'amusait à me crever les yeux, tout doucement. je croise des fantômes dans mes rêves et tout autour de moi, je détournais les yeux j'y arrivais mais là sans doute que je suis trop fatiguée et que je n'ai plus envie de me battre, de serrer les poings et de me dire que tout va bien, quand même, oui marine enfin, tout va bien (on m'a dit que j'avais un regard d'acier. Pourtant, ce n'est pas moi qui blesse)
la radio est parfois ma meilleure copine quand je prends ma douche
je me demande vraiment quand la pression va se pointer parce que là je me sens comme une touriste pour paraphraser JC le magnifique, mais merde stress pression coeur qui bat ohééé vous êtes où c'est dingue ce que cette session me passe au dessus de la tête, mon dieu marine réveille toi tu es en EXAMENS et ton cerveau devrait mettre les gazs, un peu.
7 janvier, je suis envahie par les mouettes, je n'ai plus toute ma tête (alouette, alouette)
Merde, on dirait que je ne suis pas morte. Le pire est déjà derrière, il paraît. Il y a quelques jours, quand tout était noir, quand j'étais seule dans cet appartement trop grand sans doute, quand j'aurais pu faire n'importe quoi parce que personne n'avait l'air d'être vivant, quand j'étais redevenue une petite fille qui pleure et qui tape de pieds, quand je ne savais plus quoi faire pour sortir de là, de cette merde et de ce manque de vie, je me suis dit que j'allais t'appeller. Parce que t'as toujours eu les mots qu'il faut, toujours su faire en sorte que je puisse m'endormir, toujours su quoi faire et quoi dire. J'avais ce con de téléphone en main, ce con de numéro gravé dans ma tête comme dans du marbre, et puis c'est arrivé. La lucidité, ce genre de chose. A quoi bon, je ne sais même plus qui tu es. A quoi bon, ça fait un mois que je n'ai plus rien à voir avec ce que tu es devenu. J'allais t'appeler pour te dire quoi? Reviens? Non, c'est idiot, on est des étrangers, c'est con mais c'est comme ça, tu ne peux plus m'aider. Je dois m'aider toute seule, apprendre à m'aimer toute seule. On avait quoi, dix sept ans, j'avais les cheveux noirs, on s'est vus grandir et s'éloigner, on était des gosses on se frappait on riait et je savais pas qu'un jour, un jour j'allais être remplacée. Et même si chaque Seat Ibiza me soulève le coeur, même si à chaque conneries que j'essaie je me demande si t'aimeras, même si ma fierté je la tirais de toi et qu'elle s'est cassée, voilà, c'est arrivé, on m'a pas donné le choix, j'y suis presque arrivée, tu restes un souvenir. (souvenir que tu as terni, sur la fin. C'est bien, c'est plus facile, je devrais pouvoir te détester. Même si c'est contre nature)
J'ai vingt ans. J'ai vingt ans et la vie devant moi. Voilà ce que j'entends, ça n'arrête pas, comme si on tentait de me convaincre, me pousser vers l'avant, devant devant toujours, parce que derrière c'est pas bien c'est mal c'est moche ça fait souffrir. Mais avancer pour l'instant c'est pas possible, pas possible mes jambes tremblent c'est comme ça voilà foutez moi la paix avec vos discours optimistes à la noix. Je ne pleure plus, c'est fini ce stade là, j'arrive plus mais j'attends que ça moi, pouvoir pleurer un bon coup et me faire dorlotter et qu'on ait pitié de moi oui j'en suis là je veux qu'on ait pitié qu'on me fasse un jus d'orange frais le matin et qu'on m'envoie des messages gentils et et et. On se dit que ça va Marine ne pleure plus c'est bien elle va mieux elle passe au dessus ma chérie c'est un cadeau que la vie te fait ah oui ben quel drôle de cadeau d'habitude si je me souviens bien un cadeau ça fait plaisir. Eblouie tu étais éblouie c'est tout non c'est pas tout c'était beaucoup plus que ça c'était ma vie voilà et là ma vie s'est tirée vite fait en me laissant à moitié morte & complètement sonnée. Pas tout à fait crevée bien sur, à moitié juste pour bien sentir où c'est qu'on a mal, le ventre et la gorge nouée et l'envie de disparaître, vraiment ne plus avoir à penser à demain à hier juste ne plus être et ne plus avoir conscience de rien. « Le thé me brûle la langue et puis la gorge, c'est bien fait pour moi j'avais qu'à être aimable, aimable et pas quittable, j'étais son petit ours ». (J.Lévy). Moi j'étais un petit chat mais c'est une autre vie. Ce livre c'est ma thérapie, je le relis relis relis parce que c'est comme si je l'avais écrit, c'est moi c'est nous et c'est tellement rassurant de voir qu'on souligne toujours les mêmes passages. Ici aussi c'est ma thérapie et non je ne force personne à lire, c'est juste ma manière de crier très fort et de casser de la vaisselle. J'aimerais être ton pull ou ton écharpe comme ça je suis là mais personne le sait et puis une écharpe ça ne pense pas ça ne vit pas ça ne bouge pas on lui demande pas de sourire c'est juste là dans mon endroit préféré. Bien sûr, le terme est bien choisi. Personne ne parle d'autonomisation, de détachement progressif, de réinsertion sociale, de baiser sur la joue. Rupture, ru-pture. Je suis toute nouée de l'intérieur, toute boursoufflée et il n'y a plus rien qui sort, qui rentre. Ca fait longtemps que je n'ai plus vu ce que mes yeux adoraient, que je n'ai plus senti cette odeur qui me rendait dingue, touché ce qui était à moi rien qu'à moi, mes sens ne fonctionnent plus, le temps passe très vite, mais l'absence reste là, toujours. Je respire je mange j'embrasse je danse mais ce n'est pas ça que je veux ça ne goute rien c'est immonde c'est des tentatives de substitution débiles et ça m'enrrage parfois d'oser y croire et puis de me rendre compte que c'est toujours toi qui compte. C'est trois ans de ma vie que je dois laisser derrière, on est une reine et on s'en rend même plus compte parce qu'on s'habitue, puis voilà minuit bing c'est fini. Et bien sûr toujours ces putains de traces c'est comme si c'était indélébile un post it une chaussette une parasol vert un bic des conneries des conneries d'enfants aveugles je crois qu'il me faut une nouvelle chambre une nouvelle ville une nouvelle mémoire et perdre cette habitude de tout garder comme ça, comme une vieille tremblotante qui s'attache à des sacs en plastique, juré je ne garderai plus rien les souvenirs c'est bon pour les gens forts moi j'en veux plus. Je veux plus rien, est ce que le désir d'autre chose reviendra ou est ce que tout s'éteint, pourquoi je ne vis pas dans un film où les gens se retourent toujours et arrivent en courant? Le pire moment c'est sans doute quand l'espoir vous laisse marcher seule, il vous abandonne (ah, lui aussi), et c'est le vide intergalactique tout autour, vous vous dites je suis libre je suis libre mais la liberté c'était d'avoir ma main dans la tienne. Je suis pétrifiée dès que quelqu'un d'autre me regarde dès qu'on me touche, dès qu'on essaie de me parler non non non on ne fait pas ça à une fille comme moi, moi je suis une coincée on peut pas on peut pas personne personne ne me touche c'est comme ça je suis à nouveau vierge dégage et je le resterai parce que mon corps il est pas à moi il est plus à personne voilà. J'ai peur de me réveiller un jour et de me dire que ça va mieux. Parce que là je n'aurai même plus les chagrins les manques les souvenirs le droit d'etre triste et de mauvaise humeur, le droit de ne rien dire de ne pas aller à l'école et de rater mes examens. Là je sera vraiment moi mais toute neuve, moi mais pas moi, une autre sans toi que je ne connais pas et qui m'angoisse. Je vais écouter des chansons tristes comme ça j'aurai une bonne raison de pleurer d'être épuisée et de domir sans me réveiller parce que y a trop de couverture pour moi toute seule. Des chansons tristes c'est utile, c'est bien c'est les paroles c'est ces connes de paroles c'est juste ça c'est pas moi moi je vais bien moi tout va bien moi j'ai vingt ans et la vie devant moi. .
ne plus être touchée & se réveiller chaque matin, toute seule. Rien de grave, rien de grave. Alors c'est vrai, ca n'arrive pas qu'aux autres
Tourner la page, la belle affaire. Moi je les tourne; encore. Mais c'est toujours la même histoire qui revient. Je maigris, il y a bien un moment où je finirai par disparaître. Les questions qui serrent le coeur m'étranglent, qui mettra mon pyjama, qui sera à droite du lit, qui aura ses sourires, qui me volera mes mots, qui aura le bonheur à ses pieds. Qui m'effacera. Il faut se déposséder. oui, oui. Ca me donne le vertige. Ca a toujours été impossible à imaginer, "j'ai vu les autres mais on n'était pas les autres". Ce vide me fait peur, sans arrêt. Merci maman pour les fleurs.
C'est fou comme on remet tout en question. Les mots les promesses les gestes les yeux tout ça s'était si fragile? si peu sincère, ça/j' avait/s donc si peu de valeur? on se détourne et puis voilà, on laisse l'autre dans l'impasse qu'on a créé, on ferme les yeux et on oublie vite, on ne s'excuse pas, on n'a pas le courage de dire au revoir comme il faut, on n'est pas poli, on détruit tout autour mais bien sûr on reste debout. J'ai l'impression d'être et d'avoir été aussi importante qu'un vieux mouchoir. Je suis déçue de voir qu'on ne connaît jamais vraiment quelqu'un, même si certaines nuits il promettait de ne jamais vous laisser.
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